D'où provient la pollution numérique ?

January 8th, 2021

La pollution numérique est un pan désormais indissociable de l'écologie. On estime que plus de 4% des émissions de gaz à effet de serre mondiales est concentré dans l'utilisation des technologies digitales. Et cette pollution progresserait de 9% chaque année. L'usage du numérique, en pleine expansion en raison de la pandémie de COVID aurait ainsi un impact à l'échelle de la planète de deux à trois fois celui de la France. Pourtant nombreuses sont les idées reçues et les infox au sujet du numérique. Tour d'horizon des 5 facteurs qui accentuent cette pollution par ordre d'importance.

1/ L'extraction des métaux et terres rares

C'est LE facteur principal dans le bilan énergétique du numérique. La fabrication des terminaux (mobiles, ordinateurs, tablettes...) représentent 40% des gaz à effet de serre et l'extraction des minerais rares engendre une pollution colossale. Dû notamment à l'usage de produits chimiques versés directement dans le sol. Sans compter que de nombreux pays font appel à une main d'œuvre composé en majorité d'enfants. Environ 34 milliards d'appareils circulent actuellement sur la planète. En limitant leur renouvellement régulier, ou en privilégiant des appareils de seconde main, on contribuerait à diminuer l'impact environnemental.

2/ l'alimentation

Les terminaux ont besoin d'énergie et le développement des appareils mobiles (téléphones mais aussi tablettes, montres et autres engins connectés) et des modes de vie nomades tend à faire augmenter la consommation électrique. Elle représente aujourd'hui 30% de l'énergie primaire du secteur. L'alimentation des appareils produit également de la chaleur qui contribue à accentuer les gaz à effets de serre.

3/ le câblage

Le cheminement des données se fait via un réseau de câbles qui sillonnent le globe. Au total, 25 millions de km de câble à fibre optique lacèrent la planète. A cela s'ajoute les 406 câbles sous-marins qui tissent les liens entre les continents. Leur fabrication et leur alimentation représente 23% de l'énergie primaire du secteur numérique. Sans compter qu'ils dégagent de la chaleur et impactent les fonds marins.

4/ les centres de données

Et oui, s'ils sont souvent pointés du doigt, les "data centers" ne sont pas les plus polluants. Ces énormes disques durs et machines à calculer d'où partent la majorité des données ne représentent "que" 17% de l'énergie consommée par la branche numérique. Le fléau qui fait augmenter ce taux ? Les vidéos en streaming (youtube, netflix...) qui utilisent en continu une bande passante et ont donc un besoin énergétique colossal.

UNe fleur aux côtés d'un macbook sur un bureau blanc

Tordre le cou aux idées reçues

Alors que faire pour minimiser l'impact du numérique. Beaucoup de choses circulent. De bonnes choses mais aussi de fausses bonnes idées.

1/ Je ne dois pas renouveler mes appareils trop souvent

Vrai. L'idée est de faire durer ses terminaux et de ne pas se jeter sur les derniers mobiles à la mode car comme nous l'avons vu leur coût énergétique en terme de fabrication est le critère le plus impactant.

2/ Je dois supprimer régulièrement mes mails

Faux. C'est une légende qui a la peau dure. Un mail dormant sur un serveur ne consomme pas d'énergie. Il occupe juste de la place mais s'il n'est pas sollicité, cette occupation ne génère aucun besoin énergétique. En revanche l'action de supprimer vos mails va envoyer une requête serveur vers le ou les mails en question et à ce moment, vous allez solliciter une demande d'énergie.

3/ Je dois mettre mon appareil électronique au recyclage

Vrai. Selon un récent rapport du Sénat 100 millions d'appareils de téléphones dorment dans un tiroir ou un carton. Malgré cela, plus de 24 millions d'appareils neufs sont vendu chaque année. Donnons une seconde vie aux appareils. Le classement iFixit permet de juger du degré de réparabilité d'un appareil.

4/ La 5G est très énergivore et il faut la refuser en bloc.

Vrai et faux. En tant que tel, la 5G n'est pas plus énergivore car les stations, antennes et relais sont mieux conçus. La 5G permet en outre une meilleure concentration des faisceaux vers l'utilisateur et évite une dispersion des ondes. À usage similaire donc, la 5G serait moins consommatrice que la 4G. En revanche la 5G va engendrer une croissance des usages et permettre des innovations qui risquent quant à elle d'être beaucoup plus énergivores. C'est ce que l'on nomme "le paradoxe de Jevons" qui affirme que toute amélioration technologique conduit à une utilisation massive de cette amélioration.

_Sources : __
"Empreinte environnementale du numérique mondial", étude de greenIT, Frédéric Bordage, 2019.
Rapport de la mission d'information sur l'empreinte environnementale du numérique, Sénat, 2020.
"Chut !", n°4, l'odysée écologique, janvier 2020._